Rahier

Saint-Paul

Tour et chapelle du XIIème siècle
Dans l’histoire de notre village, déjà en 1131 apparaît comme lieu de culte à Rahier la mention d’une chapelle qui dépendait dès le début et pour longtemps de l’église de Bodeux. Un texte de 1648 déclare Henri de la Vaulx-Renard, prêtre et docteur en droit, mis en possession de la vicairie de Bodeux et de la chapelle (encore) annexe de Rahier. L’édifice, en moellons du pays, se composait de la tour (avec trois meurtrières étroites entourées de pierre de taille) à laquelle était accolée la chapelle qui, d’après les fondations mises à jour lors de la restauration du pavement, ne devait pas avoir plus de quatre mètres de profondeur, la largeur étant celle de l’église actuelle.

La chapelle
devient église

En 1632, la chapelle primitive, de style roman, est transformée en église composée d’un vaisseau à nef unique terminé par un chœur à trois pans. Le bâtiment, de petite taille malgré tout, reste de facture simple et sobre. L’église fut érigée sous l’invocation de St-Paul et, dès 1760, le jour de la dédicace fixé au deuxième dimanche d’octobre. (C’est après la deuxième guerre que la date de la kermesse annuelle sera avancée d’octobre au premier dimanche d’août.)

La sacristie qui s’appuie contre le chevet ainsi que le porche (servant de parvis et de chapelle) à entrée latérale (précautions contre les intempéries d’un climat plutôt rude) ont été ajoutés au reste de la construction probablement dans le courant du XIXème siècle.

Le cimetière

L’ensemble de l’édifice est entouré par le cimetière -agrandi pour la deuxième fois en 2011- où se dressent un gigantesque chêne ainsi que de très vieilles croix de schiste. Un mur d’enceinte assure à ce remarquable ensemble calme et sérénité.

A cause de dégradations provoquées par des infiltrations d’eau dans les interstices des pierres de recouvrement, cet imposant mur a dû être démonté et reconstruit presque entièrement. Un gros chantier réalisé en 2016 et qui a nécessité subsides, bien sûr, mais aussi énergie et investissement de professionnels, évidemment, et de … bénévoles !

Quelques dates
plus récentes

En 1977, l’église et le cimetière sont classés comme site.
En 1982, l’église est classée comme monument.
Hélas ! le samedi 23 mars 1984, un incendie ravage complètement la sacristie où le feu a pris et provoque de graves dégâts à l’ensemble de la nef. Du fait du classement, les procédures sont longues. Ce qui donne le temps à la mérule de s’installer partout. Les travaux de remise en état dureront huit ans. Après avoir « squatté », durant toutes ces années, les églises avoisinantes pour leurs mariages et baptêmes et la salle du village pour les enterrements et la messe dominicale, c’est en octobre 1992 que les Rahiétois réintègrent avec bonheur leur église restaurée.

Dans une église, comme dans tout autre bâtiment, le temps poursuit son œuvre avec ses avaries inévitables. C’est ainsi qu’en 2013, plusieurs vitraux ont réclamé des travaux de maintenance et de réparation et qu’en 2016, un rafraîchissement complet des peintures intérieures a rendu à la ‘vieille dame’ un petit air de jeunesse ainsi qu’une luminosité douce et sereine, bien appréciée depuis par ceux qui fréquentent les lieux.

Porte d’entrée

La porte d’entrée de l’église : très belle porte en chêne massif -qui pivote sans charnières- et garnie de clous en fer forgé. Elle était manifestement la porte extérieure de la chapelle primitive.

Les deux cordes grâce auxquelles depuis le sol de la tour on fait toujours sonner aujourd’hui les deux cloches, en bronze coulé, situées tout en haut de la tour. Ces dernières portent une inscription identique : LERUSE B-TRE BODEUX LABOUREUR Echevins, MAGAIN HACQUIN JACQUEMIN PIRET Conseillers, CARPENTIER, Curé 1835 ainsi que l’écusson du fabricant : COURARD Père et Fils Tellin Belgique Fonderie de et à Diekirch GDL.

Fonts baptismaux

Les fonts baptismaux : ils se composent d’une cuve (pierre) à quatre têtes d’angle (XIIème s.) de style roman. Le fût et la base (pierre) dateraient du XVIème siècle. Le couvercle (XVIIème s.) et la croix (XIXème s.) qui le surmonte sont en laiton. C’est probablement la plus ancienne pièce de la chapelle primitive.

Chaire de vérité

Sur quatre des panneaux de la chaire de vérité (bois peint, milieu du XIXème s.) on peut reconnaître, grâce à leurs attributs, les évangélistes.

Banc de communion

Le banc de communion (de forme galbée – assez originale) et la balustrade du jubé (classique – supporté par deux colonnes en bois) sont de facture identique, en bois peint (probablement début du XIXème s.).

Les autels

Deux autels latéraux (à gauche – de la Vierge, à droite – du Sacré Cœur) à retable, en bois sculpté et peint, partiellement doré (XVIIème s.), colonnes de style corinthien.
Le maître-autel (XVIIIème s.), à retable, en bois sculpté et peint, partiellement doré, colonnes de style corinthien. L’expositorium orné d’un Agneau (symbole du Christ) entouré de raisins et d’épis (symbole de l’Eucharistie) et du delta mystique avec le tétragramme (quatre lettres YHWH par lesquelles l’Ancien Testament désignait Dieu) cache une peinture représentant la conversion de St Paul sur le chemin de Damas
Au centre, les portes du tabernacle, en laiton, figurant des anges. De chaque côté de ces portes, un phylactère (banderole utilisée par l’artiste pour inscrire les paroles censées être prononcées par les anges représentés) porte l’inscription : Adoro te devote latens deitas, je t’adore avec respect, divinité cachée. Au sommet, un delta mystique avec l’œil de Dieu (symbole de la Trinité). Le devant de l’autel est orné de grisailles sur bois (1ère moitié du XXème s.) représentant Jésus au jardin des Oliviers, au Golgotha et la Résurrection. A l’arrière du maître-autel, tapissant l’intérieur d’une armoire, le faire-part de décès de la dernière baronne de Rahier, Marie Antoinette Henriette de Rahier, décédée à Liège, en 1816, à l’âge de 85 ans.
Derrière le maître-autel, une porte donne accès à la sacristie.
L’autel central, en chêne massif (1992) sert de table pour la célébration de l’Eucharistie.

A droite, celle (265×150) de Gilles de Rahier (décédé en 1661) et de Marguerite de Fraipont, son épouse, avec l’effigie en pied des défunts encadrée de quartiers dont celui de Rahier. Entre les deux personnages, une armure symbolisant la protection. En dessous une inscription, un crâne et un sablier.

A gauche, celle (265×123) de Godefroid, baron de Rahier, décédé en 1714 et de son épouse Anne Marie Philippine dit Argenteau d’Esneux. Le dessus est occupé par le motif d’un catafalque surmonté des armoiries « augmentées » – parce qu’ils sont devenus barons – de la famille de Rahier et de la famille d’Argenteau et encadré de quartiers. Une inscription occupe la moitié inférieure de la pierre où mémoire est faite des « nobles et illustres seigneurs de Rahier »

La présence de ces pierres tombales témoigne de ce que l’histoire de notre église a été, à une certaine époque, singulièrement liée à celle des seigneurs de Rahier qui avaient leur château derrière l’église.

Une petite anecdote : l’abbé L’Ortye, curé de Rahier de 1937 à 1954, célébrait encore chaque année un anniversaire fondé par un baron de Rahier en réparation du meurtre de l’abbé Michel Dubois, curé de Juzaine, tué en 1766 d’un coup de mousquet tiré depuis le seuil de l’église par le baron Louis Claude Joseph de Rahier, un des derniers seigneurs de Bomal : il avait commencé sa messe sans attendre l’arrivée du seigneur attardé à la chasse.


De chaque côté du maître-autel sont insérées dans les murs deux grandes dalles funéraires, en marbre noir

Blason de Rahier

Sept vitraux – dons de paroissiens dont les noms figurent sur les œuvres et dédiés à St Lambert ; Marie, mère du ciel ; St Paul ; St Joseph ; Jésus, roi du monde ; St Hubert [où on peut lire le nom du maître-verrier J. Osterrath] ; Ste Bernadette – ornent les fenêtres de l’église et du parvis.

Parmi les statues en plâtre, celle de St-Paul – patron de l’église et de la paroisse – est en bois, mais recouverte (hélas !) de plâtre par souci d’uniformité (dans le choeur, à gauche).

Chêne centenaire

N’oubliez pas d’admirer à l’extérieur le chêne, probablement planté en 1630. Il fut classé comme « l’arbre le plus remarquable de Belgique » lors d’un concours organisé en 1928. C’est sans doute un des chênes les plus anciens d’Europe occidentale. Les bras étendus de sept personnes sont nécessaires pour en faire le tour.

Croix

En face du chêne, sur le mur du parvis, un morceau de croix en fonte datant de 1620, au nom de Nicolas R.M. Les nombreuses croix de schiste adossées aux murs de l’église et du cimetière, dont la plus ancienne date de 1694 et dont l’une présente un motif unique au monde : une mère portant son enfant tout emmailloté, la défunte étant décédée lors de son accouchement; remarquez la chaînette avec croix qui pend à son cou (en sortant de l’église, première pierre à gauche).