Isaïe
2, 1-15
Un peu d’histoire.
Cette année, durant le temps de l’Avent, un extrait du livre d’Isaïe nous sera proposé en première lecture chaque dimanche. Commençons donc à faire connaissance avec le prophète.
Isaïe vit au 8ème siècle ACN. A cette époque, le royaume unitaire de Salomon est divisé en deux petits royaumes, depuis près de deux siècles : le royaume d’Israël au Nord, avec Samarie pour capitale, et celui de Juda, au Sud, avec Jérusalem pour capitale. Le prophète et les siens vivent dans le Royaume du Sud ; il est proche de la cour royale et exerce son ministère entre 740 et 701 ACN, sous le règne de plusieurs rois.
A cette époque, dans la région, le royaume d’Assyrie monte en puissance. Dans un premier temps, les deux petits royaumes ne furent pas inquiétés ; ils vivaient même dans une relative prospérité, entraînant parfois un relâchement des mœurs qui inquiétait le prophète. Plus tard, ils furent menacés : en 721 ACN, le royaume du Nord tomba sous les coups de l’Assyrie, ce qui entraîna la déportation massive de la population, tandis que le Royaume de Juda réussit à résister un bon bout de temps encore.
Une vision grandiose.
Dans la Bible, un prophète est d’abord et avant tout un homme de l’écoute du Seigneur et de l’attention aux signes qu’il donne. Etape indispensable avant toute prise de parole pour proclamer autour de lui le message reçu du Seigneur.
Dans le passage lu ce dimanche, le prophète a reçu une vision : tous les peuples convergent vers Jérusalem et vers la ‘Maison de Dieu’ qu’est le Temple. Ils y montent avec une grande soif spirituelle : ils sont à la recherche d’un enseignement du Seigneur qui éclaire leur vie et qui les aide à mettre fin à toutes formes de guerre, de conflit, de division. Tant et si bien qu’ils en viennent à ’recycler’ (eh oui ! nous n’avons rien inventé !!!) leurs armes en faucilles et en socs de charrue. Vision grandiose qui dessine, non pas le terme de l’histoire, mais sa finalité : une humanité enfin réconciliée, qui réussit à dépasser divisions, égoïsmes, concurrences et quêtes de pouvoir.
Une vision triomphaliste ?
Cette vision peut être regardée de façon triomphaliste : « Ah ! Le monde entier vient à nous ; nous sommes donc les meilleurs ! » Mais non ! C’est mal lire ce passage ; le prophète termine le récit de cette vision en invitant son peuple à emboîter le pas des autres peuples et à se joindre à leur démarche : en grande humilité, en donnant toute sa place à la Parole du Seigneur et la laissant éclairer notre route « Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur. »
Nous, chrétiens et Eglises de Dieu, nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Nous sommes aussi invités à recevoir cette vision et à nous joindre avec humilité à cette démarche !
Un message d’une incroyable actualité !
N’y a-t-il pas là une question adressée à notre monde contemporain où tant de voix prônent de se réarmer et de se préparer à la guerre ?
Et si la bonne question à se poser était plutôt : comme éviter les guerres et se préparer à la paix ? En commençant dans nos milieux de vie, cherchant inlassablement à mettre fin aux incompréhensions, disputes, guéguerres de toute sorte.
Non, il ne s’agit pas d’un jour merveilleux à attendre passivement, béatement, mais d’un horizon qui, jour après jour, doit guider nos choix, nos engagements. Que l’écoute régulière de la Parole de Dieu, ‘son enseignement’, vienne réveiller nos consciences et nous rendre vigilants : « Veillez », dira Jésus à ses disciples ; « sortez de votre sommeil », écrira l’apôtre Paul.
