Appel au secours

Appel au secours

Pourquoi cette prière des apôtres ? Pourquoi ce cri de ceux sur qui ont vécu si proches du Maître ? Voilà qui peut surprendre.
Petite précision d’abord. La foi dont il s’agit, n’a rien à voir avec l’adhésion à un catéchisme ou à des dogmes. Elle est fondamentalement confiance : confiance en Dieu en prenant appui sur Lui, adhésion confiante aux paroles de Jésus. 
Revenons à notre étonnement : pourquoi cet appel au secours ? Vivre dans une telle confiance, est-ce si difficile ? Comme toujours, il est précieux de jeter un oeil sur le passage précédant (Lc 17,01-04). Montant à Jérusalem pour la pâque juive, Jésus prend le temps de parler avec celles et ceux qui font route avec lui et, plus précisément avec qui cherche à devenir son disciple et à mettre ses pas dans les siens.
Jésus évoque notamment plusieurs aspects de leur vie en communauté. Dans son souci des plus fragiles, il leur dit : « Faites gaffe de ne pas scandaliser les plus petits, de ne pas être une pierre d’achoppement sur leur chemin de foi ». Il les invite aussi à la ‘correction fraternelle’ : non pas chercher à prendre l’autre en défaut, quitte à oublier la poutre qui est dans notre œil (Lc 06,42), mais – plus justement – chercher à grandir ensemble sur le chemin de la vraie Vie. Démarche incluant la capacité à pardonner à autrui. Plus loin, il les exhorte encore à servir sans rien attendre en retour, ni compliment, ni merci : « Vous êtes de simples serviteurs » (Lc 17,10).
Ainsi vécut Jésus.
Il est toujours bon de se le rappeler : parlant ainsi, c’est à partir de sa propre expérience que Jésus parle. Lui-même a fait radicalement confiance à son Père, jusque dans son sentiment d’abandon sur la croix (Mt 27,46). Il a témoigné d’un Dieu aimant passionnément chacun, attendant le retour de la brebis qui s’est égarée, pardonnant toujours (Lc 15, 04). Il s’est mis au service de ce désir du Père, quoi qu’il puisse lui arriver. Se présentant comme « celui qui vient non pour être servi, mais pour servir » (Mc 10,45), il fut confronté à l’ingratitude, à l’indifférence, au rejet. Lors de son dernier repas, lavant les pieds des disciples, il prit la position d’esclave (Jn 13,03-17).
A nous qui faisons route avec lui, Jésus n’impose donc rien, il propose le chemin de vie et de bonheur sur lequel il s’est lui-même engagé. « Si vous avez de la foi comme une graine de moutarde, … » Chemin parfois difficile qui nous arrache ce cri : « Augmente en nous la foi ! » Qu’en-est-il pour moi, aujourd’hui ? Dans quelles circonstances la confiance en Dieu s’avère-t-elle difficile ? Nombreuses, en effet, sont par moment les turbulences de nos existences : échec, chômage, gros soucis de santé, mort d’un proche, difficulté de pardonner… Sans compter les grandes questions de toujours, celles du mal et de l’injustice, de la souffrance de l’innocent, de la mort. Tout cela est parfois bien lourd à porter !
Alors, comme Jésus, avec Lui, apprenons à faire confiance à notre Père, envers et contre tout. Nous vérifierons alors qu’en nous appuyant sur Lui, en nous ouvrant à son Souffle et en nous laissant conduire par Lui (Rm 08,14), il devient possible de vivre des choses dont a priori nous ne nous sentions pas capables. Telle est précisément la démarche à laquelle Paul invite Timothée (1° lecture) : raviver en lui le don qui lui a été fait, celui de ce Souffle de force et d’amour. Oui, ouvrons-Lui largement nos cœurs : devant nous, il ouvrira un passage (Ps 30/31, 09) !