Et Jésus retape une fois encore sur le même clou, tout comme le prophète Amos.
La semaine passée, Jésus nous redisait de ne pas oublier de mettre des priorités dans nos vies, qu’on ne pouvait servir deux maîtres à la fois, à savoir Dieu et les dollars. Aujourd’hui, à travers la parabole du riche et de Lazare, Jésus fait une variation sur le même thème, en ajoutant l’une ou l’autre petite touche supplémentaire.
Avant d’entrer dans notre parabole, une chose étonnante est de voir qu’un personnage porte un nom alors que l’autre pas ; le pauvre s’appelle Lazare, ce qui signifie « Dieu aide » alors que le riche n’a pas de nom. Cette différence pour dire plusieurs choses :
+ la place privilégiée que les pauvres ont dans le cœur de Dieu,
+ le pauvre, Lazare, est quelqu’un pour Dieu, tandis que le riche, enfermé en lui-même et dans ses biens, ne donne pas à Dieu la possibilité d’entrer en relation avec lui.
+ le riche est sans nom pour nous dire aussi que chacun peut mettre son nom à la place du riche.
Mais entrons dans notre parabole.
Dans le premier tableau, on retrouve nos deux personnages qui vivent dans deux mondes bien différents, le riche dans le luxe et les festins quotidiens ; Lazare dans une grande misère. Et entre ces deux mondes, un portail, sorte de frontière infranchissable ! Et tous deux meurent.
Dans le deuxième tableau, à nouveau deux mondes, mais la situation a complètement changé : Lazare se retrouve maintenant heureux auprès d’Abraham, donc auprès de Dieu, là où règne la joie et la paix, tandis que le riche se retrouve dans un lieu où il est en proie à la torture. Et le riche aperçoit Lazare au loin…
Avec peut-être plein de questions et de réflexions qui se bousculent dans sa tête : « Mais je ne comprends pas, se dit-il, je n’ai rien fait de mal pour mériter ça, je n’ai pas volé, je n’ai pas tué, j’ai gagné honnêtement ma fortune, je n’ai maltraité personne, … » « Et ce Lazare, pourquoi est-il là-bas, comment est-il là, ce n’était pourtant pas un modèle de perfection, de ce que j’en ai entendu ; juste un pauvre sans ressources que personne ne voyait, toujours couché près de mon portail… »
Et Abraham de lui souffler au fond de son cœur que c’est là le cœur du problème, « Tu n’as pas vu Lazare qui se tenait là devant ton portail ! Le seul qui le voyait, c’était ce chien qui venait lécher ses blessures. Ton grand train de vie et tous tes festins t’ont empêché d’avoir les yeux ouverts, ils t’ont empêché d’être à l’écoute de Dieu qui te soufflait à l’oreille que tu étais à côté de la plaque, à côté de l’essentiel. Tu étais trop encombré pour voir Lazare et d’autres comme lui qui avaient tant besoin de ton aide.
Et un fossé s’est creusé entre vous, celui que tu vois aujourd’hui et qui est devenu infranchissable.
C’est vrai, tu n’as rien fait pour mériter ces temps difficiles, ces temps de souffrance, mais ils ne sont que la suite de ce que tu as vécu sur la terre, tu t’es éloigné de l’amour de Dieu, tu t’es éloigné de l’amour du prochain ; voilà pourquoi aujourd’hui tu es si éloigné de la table de Dieu. »
Et là, il comprend notre ami, le riche. Il s’est fait piéger par ses idoles qu’étaient le luxe, les mondanités, les festins en tous genres, sa vie dans son petit univers de cristal.
Jésus nous redit qu’aimer, ce n’est pas être en ordre avec une loi, avec une conduite. Aimer, c’est avoir les yeux ouverts ! C’est être capable de se mettre à la place de l’autre pour entrer en communion avec lui, l’aider à sortir de sa pauvreté matérielle, de sa pauvreté culturelle et l’accompagner dans sa souffrance.
Et à la fin de ce deuxième tableau, Jésus aborde une dernière question, celle des signes, celle des miracles et des coups d’éclats. « Envoie Lazare prévenir mes frères, afin qu’ils ne tombent pas dans le même piège, afin qu’eux aussi ne viennent pas dans ce lieu de torture. Si quelqu’un revient de chez les morts, ils changeront de vie. »
Mais ce n’est pas suffisant ; quand Lazare, le frère de Marie, sortira du tombeau, les gens ne croiront pas davantage en Jésus, ça va même précipiter sa condamnation. Le vrai chemin vers Dieu se découvre à travers l’humble écoute de sa parole, à travers la rencontre de nos frères, et pas seulement ceux que nous choisissons. Et Dieu est là, malheureux, triste de voir, de nous voir passer à côté des vraies richesses, parce que sa toute-puissance nous offre la liberté de lui ouvrir la porte ou de la fermer.
O Seigneur, apprends- moi le vrai chemin, tiens ma lampe allumée, aide-moi à garder les yeux ouverts.
